Histoire de l’homosexualité en Europe
« Histoire de l’homosexualité en Europe » – de Florence Tamagne aux éditions Le Seuil, 690 pages.
Etre homosexuel en Europe dans l’entre-deux-guerres. Cet ouvrage est une version abrégée d’une thèse de doctorat menée à Sciences-Po, sous la direction de l’historien Jean-Pierre Azéma. Une jeune chercheuse de 30 ans, Florence Tamagne, publie, à la veille de la Gay Pride, une ambitieuse et complète « Histoire de l’homosexualité en Europe », à partir des exemples de Berlin, Londres et Paris entre 1919 et 1939.
Ce livre est considéré par le journaliste et essayiste Didier Eribon, du Nouvel Observateur, comme « le premier vrai livre sur l’histoire de l’homosexualité à paraître dans notre pays sans avoir besoin d’être traduit de l’anglais ».
Pour Florence Tamagne, entre les deux guerres, « l’homosexualité s’est manifestée au grand jour, comme jamais auparavant ». Selon elle, « l’Allemagne voit se constituer de véritables mouvements porteurs de revendications politiques qui font de Berlin la capitale de la nouvelle culture, l’Angleterre emprunte de son côté le chemin de la subversion de l’ordre victorien et la France, malgré une plus grande tolérance, reste sensible à une homosexualité non militante et individualiste ». Pourtant, ajoute-t-elle, « cette explosion libératrice des moeurs et des mentalités n’aura pas les retombées sociales et politiques espérées et c’est d’Allemagne que viendra, dans les années 30, le signal de la répression ».
« Pour les théoriciens de la décadence, la marche à la guerre ne pouvait se faire qu’en éliminant les faibles, les dégénérés, les parasites. La boucle est bouclée: d’une guerre à l’autre, l’homme a reconquis la virilité perdue (…). L’uniformité et la nuit étaient de retour pour au moins trente ans », conclut l’auteur.
Dans le contexte des années 20 et 30, l’emploi du terme « gay » aurait été un anachronisme. On parlait alors « d’invertis », rappelle-t-elle en soulignant que la question du langage est au coeur de son étude.